16 février 1945 : la radio polonaise de Lublin diffuse une première liste de noms français

A la fin de l’année 1944, l’Armée rouge progresse très rapidement sur le flanc est du Troisième Reich. Elle libère des territoires sur lesquels se trouvent des camps de la mort, des camps de concentration et des camps de prisonniers. Dans l’Europe de l’ouest libérée, beaucoup sont sans nouvelles de leurs proches, déportés ou prisonniers. Au début de 1945, une station de radio va permettre à certains d’avoir une réponse.

Une radio dans un wagon

A l’été 1944, la ville de Lublin est libérée par les Soviétiques. Ils en font la capitale provisoire d’un gouvernement polonais communiste. Un wagon équipé de matériel radio s’installe à la gare de Lublin et la radio polonaise émet dès le 10 août 1944 en ondes moyennes sur 224m (1339 kc) avec une puissance limitée. Mais quelques mois plus tard, un second émetteur à ondes courtes vient s’ajouter. Polskie Radio Lublin va pourvoir toucher un plus large auditoire.

Le 31 décembre 1944, des émissions sont également diffusées en anglais, en français et en russe. Le 25 janvier 1945, la Radio polonaise prend ses quartiers à Cracovie suite à sa libération (elle n’émettra de Varsovie que le 17 mars) mais l’émetteur ondes courtes reste à Lublin.

Chaque soir sur 49 mètres, Radio Lublin diffuse en français. Et le vendredi 16 février à 19 heures, la station diffuse une première liste d’une trentaine de noms de prisonniers et de déportés français dans laquelle on trouve notamment celui d’Alma, la speakerine française.

Les noms égrenés à la radio

La Radiodiffusion française s’est organisée en installant une station d’écoute dans un lieu bien dégagé et en hauteur, sur le plateau d’Avron, pour capter les précieuses informations de la radio polonaise. Un travail compliqué comme le souligne l’hebdomadaire Radio 45 : « les services d’écoute des postes de la capitale enregistrent l’émission et transmettent les disques au service intéressé. Et c’est alors que commence le travail le plus épineux, le plus ardu qu’on puisse imaginer car ces disques!… presque inaudibles, ils reproduisent fidèlement tout le fading, tout le brouillage de l’émission directe, aussi leur « déchiffrage » n’est-il pas chose aisée. Sait-on que certains noms sont écoutés jusqu’à 200 ou 300 fois par haut-parleur d’abord, puis au casque ? Que le même travail recommence pour repérer le nom exact de la rue, du pays, du département ? Sait-on qu’une lecture de quelques minutes devant le micro nécessita récemment 24 heures d’une écoute obstinée et ininterrompue ?

Un travail fastidieux mais qui a apporté réconfort et espoir dans de nombreuses familles françaises.

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