La Côte française des Somalis et dépendances, la région qui entoure le golfe de Tadjourah à l’entrée de la mer Rouge, a été administrée par la France de 1896 à 1977 et forme aujourd’hui la République de Djibouti. En juin 1940, après l’armistice et la mise en place du Gouvernement de Vichy, l’administration de cette petite colonie de 45 000 âmes dont 2500 métropolitains, reste fidèle au Maréchal Pétain désigné chef de l’Etat Français. Il faut dire que l’environnement géographique l’y encourage. L’Ethiopie est aux mains des Italiens depuis 1935 et le Somaliland britannique est envahi par les troupes de Rome dès l’été 1940. Et en septembre, Louis Nouailhetas est nommé gouverneur du territoire qu’il va diriger d’une main de fer (il sera condamné à mort par contumace en 1949 mais acquitté par un tribunal militaire en 1953).
Mais la situation se retourne en mars 1941. Les Britanniques aident les Ethiopiens à chasser les Italiens et récupèrent le Somaliland. La Côte française des Somalis est cernée. Dès lors, la colonie va être soumise à un blocus terrestre et naval sans concession. Un siège qui affame le territoire au climat très aride et qui n’est pas autosuffisant.
Bataille sur les ondes
Les Britanniques ont remis sur pieds Radio Addis-Abeba, détruite par les Italiens lors de leur retraite. Elle diffuse tous les jours des informations en français sur 9625 kc avec 7,5 kw de puissance. Des informations en français sont également diffusées par Radio Aden (ZNR) sur 12 115 kc – 24,76 m (le Yémen du sud alors colonie britannique).
Les autorités de Djibouti montent alors avec très peu de moyens, probablement à partir de la station télégraphique, une station de radio. Radio Djibouti démarre ses émissions le lundi 18 août 1941. Elle émet les trois premiers jours de la semaine de 16h à 16h15 en français, en anglais puis en arabe sur 17,36 mètres (17281 khz). Son objectif : dénoncer le blocus des Britanniques.
Radio Djibouti serait restée dans l’oubli si la propagande de Vichy n’avait pas décidé de s’en emparer. Voilà une nouvelle occasion pour le régime collaborationniste d’exprimer son anglophilie. La presse doit diffuser les communiqués de Vichy qui rapporte les déclarations de la station de la Somalie française. La station rapporte d’une situation sanitaire catastrophique avec des cas de famine, de scorbut, de béribéri… Ce blocus est inhumain, assène la station.
Des Djiboutiens fusillés
Mais les autorités se montrent aussi inhumaines. Des Djiboutiens ont été fusillés sans autre forme de procès, suspectés de servir de messages aux Gaullistes. Le journal officiel de la colonie est rempli d’expulsions, de désertions, de démissions de différents personnels pour la plupart originaires du territoire. En septembre 1942, l’impitoyable gouverneur Louis Nouailhetas est viré par Vichy. En novembre, les Alliés débarquent en Afrique du Nord et les désertions se multiplient sur la Côte des Somalis. Fin décembre, la colonie tombe sans coup férir aux mains de la France Combattante.
Il faudra attendre 1955 pour retrouver une Radio Djibouti sur les ondes.
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