« Ici, poste radio-téléphonique du Petit Parisien« , c’est par ces mots qu’ont été lancées sur 350 mètres (il se poussera par la suite sur 340 puis 345 mètres), le 12 mars 1924, les premières émissions d’essais du Poste du Petit Parisien, la radio du quotidien éponyme. Le studios et l’antenne et l’antenne sont en plein Paris, au dessus de l’immeuble du journal, rue d’Enghien.
« Ce poste de la Western Electric est le dernier construit et le plus moderne, s’enthousiasme le Petit Parisien. Dès le premier jour, il a été entendu en haut-parleur dans toute la France, en Suisse, en Angleterre, en Italie et même en Espagne. Enfin, nous recevons chaque jour de l’étranger des dépêches et lettres nous disant combien ce poste est précis. » Il n’est certes pas puissant, 500 watts, mais les essais ont lieu en soirée, vers 22 heures, ce qui accroît sa propagation. Ce poste, c’est le bébé de Paul Dupuy, directeur du Petit Parisien, le plus fort tirage des journaux du matin, qui s’est pris d’intérêt pour la radio après un voyage aux Etats-Unis. C’est la première radio française propriété d’un titre de presse.
Ce sera un des postes privés les plus écoutés avant-guerre. En 1924, il balbutie. « L’essai d’hier (le 17 mars 1924), qui a été fait sur 350 mètres environ, n’avait une différence, que de quelques mètres avec le poste de Londres. Cependant, les amateurs sont arrivés à sélectionner les deux postes. Nous poursuivrons nos essais pendant quelque temps encore, vers 10 heures du soir, et nous serons reconnaissants à tous nos lecteurs français et étrangers, résidant une distance d’au moins 600 kilomètres de Paris, de nous faire part des résultats de leur écoute, demande le quotidien.
Des annonces en français et en anglais
Les annonces se font en français et en anglais par la voix d’une speaker bilingue, Douglas Pallock (caricaturé ci-contre). Quelques jours plus tard, le journal est encore plus enthousiaste : « Bien que nous ayons recommandé de ne nous renseigner que pour des distances d’au moins 600 kilomètres de Paris, nous avons été submergés de lettres et de cartes postales. Toutes sont d’accord. L’émission du Petit Parisien est plus forte et meilleure que celles que l’on avait entendues jusqu’ici. Sur les côtes de l’Atlantique et de la Méditerranée, où l’audition des postes anglais a toujours été excellente, on nous affirme également que nous sommes entendus dans de bien meilleures conditions que les postes de Grande-Bretagne. Peu ou pas de fading. On nous adresse beaucoup de demandes de renseignements Quelle est votre force? Quand se feront vos émissions ? Quels seront vos programmes ? Il nous est impossible de répondre individuellement à toutes ces lettres.«
Quels programmes ?
Ces premiers auditeurs veulent savoir quels seront les programmes de ce poste, une fois les essais terminés. « Il ne nous est pas possible de l’établir à l’avance. C’est l’actualité de la science, de l’art ou des événements qui guidera notre choix. Nous serons d’ailleurs très heureux de recevoir de nos auditeurs toutes suggestions et nous nous proposons de faire prochainement un référendum à ce sujet.«
Un premier scoop partagé avec les PTT
Le 8 mai 1924 à 22h10, la nouvelle station fait sensation en recevant Douglas Fairbanks, énorme vedette du cinéma à l’époque, accompagné de son épouse, l’actrice Mary Pickford. « A l’occasion de la réception de M. Douglas Fairbanks la station radiotéléphonique du Petit Parisien. une liaison directe avait été établie avec le poste de l’Ecole supérieure des PTT. Il a été ainsi possible aux auditeurs de prendre au même instant la déclaration de M. Fairbanks à leur gré sur l’une ou l’autre des stations, sur 340 m. de longueur d’onde pour le PP, sur 45O pour les PTT« , écrit Le Petit Parisien le lendemain.
Les essais se terminent courant avril et dès le mois de mai, le Petit Parisien publie enfin la grille des programmes de la radio qui sera connue plus tard sous le nom de Poste parisien. Mais c’est une autre histoire…
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