Le 30 septembre 1924, le ténor Franz, un célèbre chanteur wagnérien, manque de s’étrangler en lisant Bonsoir, un quotidien parisien. En parcourant les programmes de TSF, il s’aperçoit que la station radiotéléphonique de Lyon-La Doua, station des PTT, annonce « Sigurd : Air de Sigurd (Reyet) chanté par M. Franz de l’opéra ». Voici l’article en question ci-dessous :
Or le ténor Franz, de son vrai nom François Gautier, n’est pas à Lyon mais à Paris. Lyon-La Doua passe un disque. Or, souligne l’avocat du chanteur, « le phonographe déforme et enlaidit la voix. Qu’ont dû penser de nous, les milliers de sans-filistes, persuadés qu’il s’agissait d’une audition directe? » Car le ténor a porté l’affaire en justice suivi par Lise Charny, contralto de l’opéra, elle aussi au programme de la station lyonnaise des PTT le même soir.
Les chanteurs qui réclament chacun 10 000 francs gagnent en première instance mais perdent en appel. L’affaire arrive devant le Conseil d’Etat… en novembre 1931 ! Le ministère des PTT se défend en assurant que le speaker a bien précisé avant la diffusion du concert qu’il s’agissait d’un disque. En 1924, pour diffuser un disque à l’antenne, on place le micro près du pavillon du gramophone. Avec une forte perte de la qualité du son. Les chanteurs estiment que ça peut nuire aux ventes de leurs disques. Or, considèrent les magistrats, ça leur fait au contraire de la publicité et il n’y a donc pas de préjudice matériel.
Aujourd’hui, le ténor Franz n’est plus là pour chanter en direct mais on peut l’écouter interpréter Sigurd grâce au disque numérisé…
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