Suite aux Accords d’Evian du 19 mars 1962, l’Algérie accède à l’indépendance le 5 juillet suivant. La station régionale France V reprend alors le nom de Radio Algérie le 4 juillet mais reste gérée par le personnel de la RTF (Radio Télévision Française) en attendant qu’une convention fixe les modalités de transfert au nouvel état algérien. Mais surprise, le dimanche 28 octobre 1962 à midi, les auditeurs peuvent entendre l’annonce « ici la Radiodiffusion Télévision Algérienne » en lieu et place du « ici Radio Algérie ».
L’Armée nationale populaire occupe les locaux sur ordre du président Ahmed Ben Bella. Aïssa Messaoudi, ancien responsable de la Voix de l’Algérie (Sawt El Djazaïr), la radio du FLN, est nommé directeur et Khaled Safer, responsable des émissions en français. Un coup de force mené sous fond de divisions entre les nouveaux maîtres du pays. « Estimant alors que le gouvernement algérien avait rompu le statu quo sans que ce changement n’ait donné lieu à une convention négocié, le personnel décidait de quitter les lieux et de cesser le travail » souligne Paris Presse. Les 150 personnes concernées sont fouillées ainsi que les gendarmes qui gardaient le bâtiment. L’ambassadeur de France est appelé en consultation à Paris.
Le retrait du personnel français entraîne de multiples incidents techniques. Ainsi, la RTA ne peut pas retransmettre le discours du président Ben Bella lors des fêtes de commémorant le début de la Révolution le 1er novembre suivant.
Ce coup de force sur la radio télévision est depuis devenu un symbole de l’indépendance algérienne. Il est régulièrement commémoré, notamment par des émissions philathéliques.
Les négociations reprennent
Mais, un mois plus tard, les négociations reprennent pour aboutir en janvier 1963 à un accord. Parallèlement, la République algérienne fixe le statut de la RTA et lui confie le monopole radio et télé. Un système calqué sur celui qui prévaut en France depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
La nouvelle radio algérienne récupère les infrastructures de la RTF. En radio, il s’agit de 43 émetteurs pour une puissance totale de 1000 kw, de 39 studios, de ceux des rues Berthezène et Hoche à Alger aux petits équipements de Sidi-Bel-Abbès ou Tizi-Ouzou.
Des équipements de télévision
La RTA bénéficie également d’un bel embryon de réseau de télévision. Sept émetteurs sont déjà en service et six sont en construction. S’ajoutent les studios de production, centres de tournage, cars équipés à Alger, Oran et Constantine.
Jusqu’au 28 octobre 1962, la télévision de la RTF était relayée en Algérie par un faisceau hertzien via les Baléares. La RTF, malgré l’absence d’accord, l’a réactivé en novembre 1963 pour que les Algériens puissent voir les obsèques de John Kennedy ainsi qu’en octobre 1964 pour les Jeux olympiques.
Un an plus tars, les deux pays se mettent d’accord pour une coopération technique. Mais les nouveaux émetteurs de la RTA seront tchécoslovaques…
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