On sait que la Radiodiffusion nationale, la radio du gouvernement de Vichy, était très ennuyeuse et peu écoutée de l’avis même des préfets sous son autorité qui faisaient régulièrement remonter l’information. Un entrefilet vu dans un bulletin à destination des jeunes de Vichy en apporte une preuve supplémentaire.
Un jeune sur deux
Durant l’Occupation, les ados et jeunes adultes étaient embrigadés, dans le cadre de la Révolution nationale, dans les chantiers de jeunesse. Au début de 1944, la revue Sources a souhaité réaliser un mini-sondage « dans le but de connaître les désirs radiophoniques de jeunes français« . Mais le résultat a été très décevant pour ses initiateurs. Et ce désenchantement a échappé à la censure. On n’en connaît pas les détails mais l’on sait que cette centaine de jeunes a préféré Radio Toulouse à hauteur de 47%, c’est à dire une station privée qui diffusait essentiellement de la variété. Et parmi les voix préférées, ils citent Georges Briquet (journaliste sportif), Tino Rossi (chanteur) et Jean Roy (le speaker de Radio Toulouse). Exit les grandes voix de la collaboration, Pétain, Herriot ou Paquis .
Mais les sbires du régime de Vichy continuent d’espérer : « Nous estimons que lorsque les jeunes Français ne préféreront pas, mais simplement ressentiront une émotion aussi faible soit-elle à l’audition d’une symphonie de Beethoven, d’un concerto de Mozart ou d’une étude de Chopin et n’écouteront plus que pour se divertir une ouverture de Folies Bergère un tango argentin ou un solo de trompette bouchée, eh bien ! ce jour-là, il y aura de l’espoir« , veut croire quelques mois avant la Libération le bulletin des jeunes édité par Vichy.
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