Décembre 1944 : la Radiodiffusion française peut relancer des émissions vers l’étranger

Emissions vers l'étranger

A la libération de la France, le réseau radiophonique est dans un sale état suite aux sabotages de l’armée allemande lors de sa retraite. Certains émetteurs comme celui de Limoges-Nieul a échappé de peu à la destruction et d’autres ont pu être bricolés à puissante réduite pour permettre à la Radiodiffusion française de transmettre ses programmes. Mais le chef du gouvernement provisoire de la République française, le général De Gaulle, souhaite que la France dispose très rapidement d’un service qui puisse diffuser des programmes vers l’empire colonial et vers l’étranger. Comme c’était le cas avec le Poste colonial puis Paris Mondial sous la Troisième République ou La Voix de la France sous le gouvernement de Vichy. Pour les responsables et les techniciens de la Radiodiffusion française, c’est un nouveau casse-tête.

La mise en place d’un réseau de diffusion

Finalement en décembre 1944, les Emissions vers l’étranger et vers l’Empire sont prêtes à démarrer. Ce service va utiliser quatre émetteurs en ondes courtes : l’un remis en route aux Essart-le-Roi, deux prêtés par les PTT (12 kw chacun) et installés à Allouis, enfin un quatrième mis au point par les techniciens d’Allouis avec le matériel non endommagé récupéré sur place. Le plus puissant des émetteurs en ondes moyennes du réseau, celui de Limoges-Nieul (120 kw) sera utilisé en soirée quand la portée est la plus forte. Enfin, des stations de l’empire serviront de relais, Radio France à Alger, Radio Tunis et Radio Brazzaville. Ce service vers l’étranger, ancêtre de Radio France Internationale, est confié à un fidèle du général, le lieutenant Philippe Desjardin, le fondateur de Radio Brazzaville.

Vingt langues et quarante pays

Les premières Emissions vers l’étranger démarrent le mardi 19 décembre depuis les studios su 118, avenue des Champs-Elysées (ex-Poste Parisien, ex-Radio Paris allemande) avec un objectif : s’adresser à quarante pays en vingt langues. Pour ce premier jour, la station internationale diffuse en neuf langues mais très rapidement le programme s’étoffe. Il s’agit avant tout dans un premier temps de quarts d’heure d’informations qui s’enchaînent. A partir de mai 1945, ces émissions s’élargiront avec des chroniques, de la musique…

Outre les ondes courtes, Limoges relaie en soirée les émissions à destination de Roumanie, Bulgarie, Yougoslavie, Italie, Grande-Bretagne, Suède, Belgique, Danemark, Allemagne, Autriche et Tchécoslovaquie.

Les émissions vers l’Allemagne, l’Autriche et la Tchécoslovaquie sont relayées en ondes courtes par Radio, France à Alger ; celles vers la Yougoslavie, la Roumanie, la Bulgarie, l’Italie, la Grèce et le Moyen-Orient en ondes moyennes par Radio Tunis (364m) et les émissions vers l’Amérique du sud par Radio Brazzaville.

Parallèlement, les travaux de construction d’un centre émetteur en ondes courtes démarre à Issoudun. L’embryon de ce qui deviendra Radio France Internationale à l’éclatement de l’ORTF se constitue. Non sans mal car en 1948, les Emissions vers l’étranger et d’autres services de la Radiodiffusion française vont connaître des coupes dans leurs effectifs suite à une situation budgétaire tendue.

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