En ce mois de décembre 1921, les expériences de radiodiffusion de concerts se multiplient. Le 15 décembre, la station de Sainte-Assise diffuse des disques sur laquelle des danseuses se produisent pour le gala de TSF au Théâtre des Champs-Elysées. Initialement, un autre gala aurait dû se tenir simultanément à Lille au profit de la recherche sur le radium. Mais, ses organisateurs, dont l’ingénieur Gouineau de l’université de Toulouse, ont manqué de temps. C’est pour cela qu’il a été reporté à la semaine suivante. Et le diffuseur a changé, c’est la Tour Eiffel qui a transmis le programme musical.
Le 22 décembre, un premier concert pour les Lillois
Le Réveil du Nord, l’un des grands quotidiens nordistes peut annoncer : « Nous pouvons faire savoir aujourd’hui au sujet du gala de la TSF organisé au Théâtre municipal que les émissions de téléphonie se feront du poste de radiotélégraphie de la tour Eiffel, par conséquent à plus de 200 kilomètres de Lille. Une antenne sera installée au théâtre de la place Sébastopol pour recevoir le concert sensationnel dont nous avons déjà donné le programme. La scène du théâtre sera en communication avec la tour Eiffel par télégraphie sans fil et par téléphone avec fil. Cette belle manifestation, donnée au profit de l’Institut du Radium, s’annonce comme une brillante révélation des progrès de la science française. Elle restera une date mémorable dans les annales de Lille.«
Après l’annonce, place au compte-rendu de ce concert historique, dans le même journal. « Le commandant Jullien, assisté du capitaine Bergeron et de M. Laut ingénieur, assurait le service au poste de la Tour Eiffel. M. Dutreix chanta le premier un air d’Hérodiade, M. Lucien Guitry dit ensuite les Soldats de l’An II, puis Mlle Jeanne Hato chanta le Noël des petits enfants qui n’ont plus de maison, de Debussy. En fin, M. Sacha Guitry conta trois histoires amusantes. Après que M. Rivière eut joué au piano Solitude, de Benjamin Godard, M. Alfred Brun exécuta une romance de Svendsen. Pour terminer, Mlle Jeanne Hato chanta la Marseillaise« , détaille le quotidien Le Réveil du Nord.
Le 29 décembre, un concert pour le roi des Belges
La Tour Eiffel chante une nouvelle fois quelques jours pour tard pour un public rassemblé dans la à Bruxelles en présence du roi des Belges, Albert Ier. Un souverain très au fait de cette technologie car en mai 1914, Albert et son épouse Elisabeth avait fait installer un poste émetteur dans une annexe du Palais Royal pour diffuser des concerts. Une expérience que la Première Guerre mondiale avait interrompu. On imagine l’intérêt qu’ils ont porté à cette diffusion de la Tour Eiffel.
« Les artistes doivent chanter ou déclamer, devant un microphone portatif, détaché d’un combiné ordinaire, et qu’un sous-officier tient à hauteur de leur bouche. Un deuxième sapeur assure le contrôle avec la salle d’émission qui est voisine et où la voix se trouve amplifiée, grâce à un dispositif spécial, constate le reporter du Matin. L’organisateur du concert prend là parole. Ici, poste de la tour Eiffel, articule-t-il, les artistes s’inclinent profondément devant Leurs Majestés le roi et la reine des Belges et les prient de vouloir bien leur faire l’insigne honneur d’agréer l’hommage de leurs sentiments respectueux et émus ».
Qu’ont-ils pu entendre? « Un petit temps d’arrêt et le concert commence.̃ Accompagné au piano, M. Noté, de l’Opéra, chante le Roi de Lahore M. Lucien, Guitry dit un poème de Victor Hugo, la voix de Mme Yvonne Printemps permet d’apprécier le Noël des enfants qui n’ont plus de maison, de Claude Debussy, puis Revenez, amours, de Lulli. M. Sacha Guitry conte trois historiettes, et M. Brun, professeur de violon au Conservatoire, exécute le prélude du Déluge, de Saint-Saêns. M. Paul Laffont, s’adressant au roi et à la reine, prononce alors une allocution. La Marseillaise, puis la Brabançonne, par, le baryton Noté, terminent le concert qui a duré 45 minutes.«
Un nouveau concert le 31 décembre pour les Toulousains
« Sur l’invitation de M. l’ingénieur Gouinean, une trentaine d’invités étaient réunis dans le poste de la caserne Pérignon, autour des sapeurs télégraphistes et de leurs appareils, rapporte la Dépêche de Toulouse avant d’énumérer les invités: « Parmi les privilégiés de cette démonstration scientifique se trouvaient MM. Paul Second, préfet ; Paul Feuga, ma!re; Ramet, premier président, le colonel Junca, Sabatier, doyen de fa Faculté des sciences ; Camicnel, directeur de l’Institut électrotechnique : Edouard Privât, président du tribunal de commerce; Aimé Rune, directeur du Conservatoire; Domergue, adjoint au maire: Delfort, Hérisson. Gaubert. etc., et les représentants de la presse toulousaine. »
Et au programme ? « Le concert a commencé à, 4 heures et demie, exactement. Les artistes que nous avons pu entendre cette fois étaient Mme Jane Morlay, de l’Opéra-Comique, qui a chanté les couplets de « la Mascotte ; une mélodie de Raynaldo Hahn et deux morceaux de « Carmen » et de « Werther », et M. Galipaux, qui a Récité deux monologues. Pour terminer, un peu après 5 heures, Je poste de la Tour Eiffel a adressa ses meilleurs vœux aux auditeurs de tous les postes téléphoniques en relation avec lui.«
Le 6 janvier, un premier concert de disques
Ce jour-là, la Tour diffuse ses premiers disques comme nous l’avons déjà évoqué sur ce site.
« Ce n’est pas un concert officiellement organisé, explique au Petit Journal le commandant Julien, mais simplement une expérience que nous continuerons pendant quelque temps. Tous les jours, de 16 heures 30 à 17 heures, sauf le samedi et le dimanche, nous offrirons aux fervents de la radiotéléphonie qui ont installé chez eux des récepteurs, un concert à domicile.«
Le 19 janvier, un essais de retransmission de spectacle
En cette période de tests, le poste de la Tour Eiffel diffuse le spectacle des Bouffes-Parisiens, l’opérette Dédé avec Maurice Chevalier le 19 janvier.
Pendant toute cette période, la Tour fait des essais de radiotéléphonie certains jours de 16 à 17 heures à peu près, sauf le week-end, sur 2600 mètres. Il s’agit essentiellement de lectures ou d’énumération de chiffres pour tester la qualité des appareils de réception. Bientôt, le poste militaire va émettre sur des bases plus régulières.
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