Juin 1943. Les Alliés sont maîtres de l’Afrique du nord et se préparent à débarquer en Sicile. L’OWI, Offfice of War Information, le service de propagande américain, met au point, sur une idée du Général Eisenhower, une fausse radio clandestine sensée émettre du territoire italien, pour semer le trouble. Cette radio noire prend pour nom Italo Barbo, du nom d’un aviateur, fasciste de la première heure, maréchal des forces aériennes puis gouverneur de la Libye. En juin 1940, l’avion de ce héros des chemises noires a été abattu au-dessus de Tobrouk par un malencontreux tir de la DCA italienne. Son nom convient donc tout à fait à cette opération de déstabilisation via les ondes qui vise à diviser les fascistes.
Digne d’un scénario d’Hollywood
Huit personnes sont affectées à cette action très secrète menée depuis un émetteur mobile d’un kilowatt placé au Cap Bon, au plus près de l’Italie. Les programmes sont imaginés par Olivier Garrett, un scénariste d’Hollywood, coauteur notamment de Underground qui raconte l’histoire d’une radio clandestine antinazie en Allemagne.
Sur la même fréquence que Rome
La station diffuse sur la même fréquence que la radio de Rome ou sur une fréquence très proche. Les mêmes messages sont répétés plusieurs fois dans la nuit malgré les tentatives de brouillage italien.
La presse d’Afrique du nord capte la radio clandestine, ce qui nous permet d’avoir quelques extraits du contenu de ses émissions.
« Nous, fascistes de la première heure, sous la conduite spirituelle d’Italo Balbo, nous perpétuons sa pensée en vue de l’idéal qu’il s’était fixé. Exaltons aujourd’hui la sainteté du foyer, car l’Italie semble être tombée sous la férule de Satan. Où est le chef capable de conduire et de ramener dans le bon chemin notre patrie bien-aimée ? Tant que les membres de notre gouvernement continueront de donner l’exemple de la corruption, nous ne devons attendre aucune amélioration du régime. Au cours du mois précédent, les incidents scandaleux se sont multipliés et, tandis que les soldats italiens meurent sur le front et que les enfants manquent de pain, nos hôtes allemands remportent chez nous de faciles succès.
Les pervertis italiens du parti fasciste actuel sont destinés à périr dans l’ignominie. Italiens, le groupe des fidèles disciples du grand maréchal Balbo fait appel à votre moralité de catholiques. Les scandales qui salissent notre peuple doivent cesser et les criminels être châtiés. Unissons-nous afin, que le soleil de la victoire brille de nouveau sur les drapeaux glorieux de la Révolution.«
Cette fausse radio subversive arrête ses émissions qui n’auront duré qu’un peu plus d’un mois, le 25 juillet 1943, soit le jour de la chute de Mussolini. C’était le but recherché par cette opération de Radio Italo Barbo.
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