Au printemps 1946, alors que l’armée française vient de reprendre peu ou prou le contrôle de l’Indochine en plein chaos suite à la capitulation japonaise, de puissantes explosions soufflent Saigon. Il est aux environs de 10h15 ce 8 avril 1946 quand la pyrotechnie, située à proximité du centre-ville de la capitale de Cochinchine, est secouée par une série de violentes déflagrations. Ce lieu sert avant tout de dépôt de munitions du corps expéditionnaire français et de l’armée japonaise sur le départ.
Un quartier entier est dévasté dont l’immeuble de Radio Saigon situé en face du dépôt de munitions et qui prend feu. Les émissions sont interrompues mais le personnel s’organise rapidement pour qu’elles reprennent depuis les locaux de la Direction générale de l’information au 98, boulevard Charner au centre-ville. A 20 heures, la voix de la France en Extrême-Orient est de retour sur les ondes. Elle lance notamment un appel aux auditeurs pour qu’ils prêtent des disques. La radio a en effet perdu sa discothèque dans cette catastrophe dont le bilan reste flou, une vingtaine de morts, de très nombreux blessés et des disparus.
La discothèque de six mille disques est ravagée
« Parmi, les immeubles se trouvant dans le quartier sinistré, Radio Saigon est complètement détruit. Certains murs sont encore debout mais le toit et le plafond se sont écroulés et l’incendie a détruit ce que l’explosion avait laissé intact, précise l’Agence de presse France Indochine (APFI). C’est ainsi que la discothèque comprenant plus de six mille disques a brûlé et le feu couve encore dans des piles de disques curieusement déformées pendant que des gouttes de cire brûlante tombent à l’étage inférieur. Sur le fronton du bâtiment, l’horloge est arrêtée à 10h26. Dans les escaliers dont on distingue à peine les marches enfouies sous des débris de pierres et de maçonnerie, des soldats japonais transportent ce qui peut être de quelque utilité. De la fenêtre de Radio Saigon donnant sur la pyrotechnie, on a le spectacle impressionnant des destructions causées. » A deux pas de là, l’état-major du général Leclerc est également dévasté.
Accident ou sabotage ?
Dans ce qui reste de la pyrotechnie, les explosions vont se succéder durant 24 heures. Rapidement les autorités vont communiquer pour rassurer la population qui a cru dans un premier temps à un bombardement, un avion survolait en effet la ville au moment du drame. Plusieurs causes accidentelles sont évoquées, de la caisse contenant de la TNT qui a pu fermenter et s’échauffer, à la camionnette qui transportait des munitions japonaises et qui aurait sauté suite à un cahot, en passant par le soldat transportant un obus qui l’aurait laissé tombé. Mais le Viêt Minh (indépendantistes) a aussi revendiqué cette action.
Reste la perte irrémédiable de cette discothèque dans laquelle se trouvait, peut-être, l’appel du Général de Gaulle du 18 juin 1940.
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