17 décembre 1933 : l’Etat rachète Radio-Paris pour en faire le poste national

A gauche, Emile Girardeau, au centre, Jean Mistler.
Radio-Paris rue François-Ier

Le dimanche 17 décembre 1933, les émissions de Radio-Paris ont repris après une interruption de huit jours pour laisser le temps aux PTT de contrôler les installations de la station, de son studio de la rue François-Ier (photo ci-contre) jusqu’à l’émetteur aux Essarts-le-Roi. A 21h15, au moment de l’entracte du concert symphonique de la soirée, Emile Girardeau, patron de la Compagnie Française de Radiophonie et propriétaire de la première radio privée française, Radio-Paris (1724,1 mètres, ex-Radiola créée en novembre 1922), annonce au micro que la station passe désormais sous le contrôle de l’Etat.

Il explique aux auditeurs que « l’on fût amené à concevoir un seul poste à ondes longues pour la radiodiffusion française. Ou bien Radio-Paris devait être ce poste, ou bien Radio-Paris devait céder son onde à un autre grand poste que l’Etat avait l’intention de construire. » Ce pionnier de la radio en France évoque également la question financière. Radio-Paris ne vivait que des ressources de la publicité. « Nous nous excusons si celle-ci n’a pas toujours été au goût de l’auditeur mais elle était d’une dure nécessité« , souligne Emile Girardeau. « Les entractes truffées d’annonces payaient les actes, la qualité de ceux-ci dépendant du produit financier ce ceux-là. Tel slogan de huit ou dix mots permettait la diffusion d’une leçon magistrale ou bien l’execution d’une symphonie.« 

Un vaisseau amiral

Puis, c’est au tour de Jean Mistler, ministre des PTT, de prendre la parole. Il peut s’avérer satisfait car à l’époque la radio publique française fait pâle figure face à ses voisines et notamment outre-Rhin. Elle a une petite flotte peu puissante, avec la Tour Eiffel, 15 kw (1447,7m/207,5 kc) qui doit bientôt migrer vers les ondes moyennes et les stations régionales des PTT dont la tête de réseau Paris-PTT, 8,5 kw (447m/671kc). Il lui manque un vaisseau amiral. Durant la semaine d’interruption, les services des PTT ont légèrement augmenté la puissance de Radio-Paris, de 75 à 80 kw et amélioré la modulation.

Une augmentation de puissance au programme

Mais ça ne suffit pas à en faire un poste national qui couvre l’hexagone. « Aussi, le poste de Radio-Paris sera-t-il, dans le courant de 1934, porté au maximum de puissance de 150 kw prévu par les conventions internationales« , annonce le ministre en précisant que les travaux vont démarrer en début d’année. Côté programmes, « ils seront confiés à un comité groupant, sous l’autorité de Monsieur Henry de Jouvenel, les personnalités les plus représentatives des Lettres, des Arts et des Sciences. » Le tout avec un budget serré, la taxe récente sur la possession des appareils de TSF « ne permet ni gaspillages, ni largesses« . Quand à la publicité, elle ne sera pas supprimée, notamment à cause des contrats en cours mais elle sera plus discrète et concentrée lors de deux demi-heures de la vie pratique, promet Jean Mistler.

A la fin du discours du ministre, un speaker annonce pour la première fois « Ici poste national de Radio-Paris ». « Il était 21h45. C’en était fait : Radio-Paris s’était rendu avec armes et bagages » résume le magazine spécialisé L’Antenne.

Première tempête

Mais quelques jours plus tard, le vaisseau amiral des ondes publiques doit essuyer sa première tempête. Au premier janvier, les émissions à caractère religieux sont supprimées. Radio-Paris diffusait trois programmes d’une demi-heure à midi. Le dimanche, le sermon catholique ; le jeudi, la conférence protestante et le vendredi la Voix d’Israël. Mais devant le tollé, elles sont rétablies dès le mois d’avril.

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