L’étonnante histoire d’une radio pirate montée par des ados en vacances à l’été 1952

Chalindrey est une petite commune située dans le département de la Haute-Marne, dans la région Grand Est, en France. Elle est notamment connue pour être un important nœud ferroviaire. A l’été 1952, Jacques, élève de l’Ecole nationale professionnelle d’Epinal, est de retour dans la maison familiale pour y passer les grandes vacances. A 15 ans, c’est un bricoleur passionné d’électrotechnique. En utilisant des pièces de postes usagés, il parvient à mettre au point un petit émetteur radio. Il l’installe avec un micro de sa fabrication dans le grenier de ses parents et tend un fil d’antenne de 20 mètres entre la fenêtre et un arbre du jardin. L’émetteur est réglé sur 297 mètres en ondes moyennes (1001 kc).

La Cendrillon du micro

Ses amis Marcel (15 ans) et Ginette (une vingtaine d’années) créent avec lui ce qui deviendra Radio Chalindrey. Le premier joue du banjo, la seconde est fan de Robert Lamoureux et récite ses monologues. Cette dernière, remailleuse de bas à domicile, séjourne chez sa grand-mère au village. C’est son frère de 14 ans qui lui a fait connaître l’initiative de Jacques. Elle sera baptisée par la presse « la Cendrillon du micro ».

Les émissions ont lieu le soir vers 18 heures. Les jeunes animateurs donnent des résultats sportifs, notamment du Tour de France, proposent des dédicaces au villageois à l’écoute, rapportent le compte-rendu du conseil municipal.

La police débarque

Mais voilà, après guerre, on ne badine pas avec le monopole des ondes. Les services d’écoute militaires auraient capté les émissions mais d’autres voix expliquent qu’une lettre de dénonciation, anonyme comme il se doit, serait parvenue aux autorités. Toujours est-il que, début septembre, des policiers de Nancy débarquent dans le village. L’émetteur est placé sous scellé et les trois animateurs devront s’expliquer devant la justice. L’affaire est examinée en mars 1953 au tribunal correctionnel de Langres. Ginette comparaît mais assez brièvement, les juges la relaxent. De même pour les deux plus jeunes, jugés un peu plus tard par le tribunal pour enfants.

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