Pendant la guerre, une voix sur Radio Andorre fait chavirer les coeurs

Radio-Andorre 1942

[80 ANS DE RADIO-ANDORRE] Le 7 août 1939 à 19 heures selon son témoignage, Victoria Zorzalo, qui se fait appeler Victoria Perez à l’antenne, prononce une phrase qui deviendra célèbre. « Aqui Radio Andorra », « Ici Radio Andorre », complétée d’un discours du ministre français des Travaux publics. Albert de Monzie, inaugure une nouvelle station privée judicieusement installée dans la principauté pyrénéenne. L’affaire n’a pas été simple et l’histoire est détaillée sur ce site très complet : http://www.aquiradioandorra.com/

Et quand cette radio puissante et haut placée démarre ses émissions, le monde s’apprête à entrer dans la tourmente. Trois semaines plus tard à l’aube de la déclaration de guerre, Radio-Andorre doit se résoudre à cesser ses cinq heures d’émissions quotidiennes. Elle n’est de retour sur les ondes qu’en avril 1940. Quelques semaines plus tard, la France demande un armistice. La radio andorrane poursuit ses programmes qui sont exclusivement musicaux ce qui évite à la station de contrarier les régimes fascistes au pouvoir à Vichy et à Madrid ainsi que les Allemands.

Une voix réconfortante

Au milieu d’un paysage radiophonique saturé par les radios de propagande, le programme musical de Radio-Andorre va faire office de réconfort pour beaucoup d’Européens.

« Aqui Radio-Andorra » prononcé par les speakerines du poste devient célèbre. Et l’on veut tout savoir sur « Mademoiselle Aqui ». Le mystère est soigneusement entretenu par Jacques Trémoulet. Au lancement de la station, c’est d’ailleurs un mannequin espagnol qui parle devant le micro sur la plaquette de présentation de la station envoyée aux annonceurs.

Radio Andorre 1942
La fausse Mlle Aqui

« Il y a suffi de sa voix. On ne savait pas comment elle était, ni quelle âge elle avait, ni quelle était sa nuance. Ni ses goûts, peut-on lire dans la Gazette de Lausanne. Tout ce que nous savions d’elle pour imaginer le reste, c’était ce gazouillis hispano-tropical dont elle accompagne chaque soir les petits airs que joue la Radio d’Andorre, c’était ce bavardage escamoteur et charmant si l’on veut, que la plupart de ses auditeurs ne comprenaient pas mais écoutaient avec émoi. Il faut même croire que c’était avec amour, puis que Mlle Perrez recevait chaque jour plus de demandes en mariage qu’aucune jeune fille visible ou invisible n’en a jamais reçu. Nous savons pourtant combien il est actuellement difficile d’être atteint par un courrier et la pudeur que nous mettons à écrire, dans l’assurance où nous sommes que ce que nous envoyons au loin est Soigneusement lu avant ceux pour lesquels nous l’avons écrit. N’importe, Mlle Perrez d’Andorre recevait chaque semaine des milliers de lettres. Faut-il qu’elle ait une jolie voix !« 

Victoria Perez reçoit un abondant courrier enflammé. « Cette semaine, vient-elle de déclarer il y a quelques jours, j’ai reçu cinq cent trois demandes en mariage, dont trois de Los Angeles, cinq du Canada , douze de New-York , vingt-deux d’Angleterre, cent vingt-cinq du Brésil et de Colombie , douze du Mexique , d’autres, enfin , de France d’Allemagne , et même des pays scandinaves« , peut-on lire dans un quotidien helvétique.

Mademoiselle Aqui reçoit des demandes en mariage

Mais au beau milieu de la guerre, Mlle Aqui passe la bague au doigt à un Andorran et devient Victoria Zorzalo de Font. « Ainsi , le roman d’amour de celle qui reçut le plus grand nombre d’épîtres enflammées s’achève ou plutôt commence« , écrit un journal suisse.

Radio-Andorre 1942
Blaza Zorzano et Nicole Pannetier au micro de Radio-Andorre dans le magazine roumain Realitatea Illustrata

Nicole, une des voix francophones

Radio Andorre 1942

Victoria n’est toutefois pas la seule à recevoir du courrier d’admirateurs. La voix francophone de la station fait également l’objet de nombreuses missives. Nicole Pannetier, 16 ans en 1942, est l’une des quatre animatrices de la station que le reporter de l’hebdomadaire Candide croise en Andorre. Il y a également la mère de la jeune femme et Blaza, la soeur de Victoria. « C’est une entente franco-espagnole où la voix des deux nationalités alterne et se fond. Nicole est une délicieuse blonde de seize ans qui parle à ses auditeurs Invisibles une rose à la main et dont le courrier d’admirateurs est en voie d’atteindre celui de la speakerine espagnole« , souligne le journaliste. La station en fait là-aussi un argument publicitaire et fournit aux magazines illustrés européens les photos des deux speakerines, la blonde française et la brune espagnole et catalane.

Radio-Andorre 1942
Nicole Pannetier et Victoria Zorzano en 1942 en photo dans le magazine roumain Realitatea Illustrata


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