Qu’est ce qu’il y avait à Paris-Télévision juste avant la guerre ?

Le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale en septembre 1939 a donné un coup d’arrêt au développement de la télévision en Europe. Dommage car c’était bien parti. Les premiers essais de la télévision publique française datent d’avril 1935 et les premières émissions en décembre. Suivront des diffusions occasionnelles de Radiovision-PTT qui trouveront un rythme régulier en mars 1938. Des émissions à l’audience très restreinte qui avaient plus valeur de tests.

Emetteur puissant, image fine

Mais le début de l’année 1939 marque un tournant. La technique s’améliore, en émission comme en réception. La France a très peu de téléspectateurs au regard des 20 000 Britanniques qui peuvent regarder la télévision de la BBC. Mais, la Tour Eiffel abrite depuis janvier 1939 un émetteur de 45 kw, annoncé par le ministre des PTT comme le plus puissant du monde. « L’émetteur le plus puissant, l’image la plus fine » peut titrer le quotidien l’Excelsior car il diffuse sur 455 lignes. Il est temps de donner un coup d’accélérateur au développement de la télévision.

Une grande soirée est organisée le 31 mars à 17h30 au théâtre Marigny à Paris. Un grand écran de 2 mètres sur 1,50 mètre est installé et des téléviseurs grand public complète le dispositif dans les couloirs d’accès.

« Les spectateurs verront Louis Jouvet dans la scène de la consultation de Knock, Line Viala, chanteuse fantaisiste, et Suzanne Lorcia, de l’Opéra, détaille Le Journal. M. Jules-Julien, ministre des PTT, présidera cette séance, qui marquera une date dans l’histoire de la télévision. MM. Jean Perrin, de l’Académie des sciences, et Marcel Prévost, de l’Académie française, traiteront des aspects techniques et intellectuels de cette merveilleuse conquête pacifique. » Cette démonstration permet de démontrer aux curieux que la technique est désormais au point. Mais côté programme ?

La télé tous les jours !

Le ministre Alfred Jules-Julien annonce que dès le dimanche 16 avril, la télévision émettra tous les jours. Et elle s’appellera Paris Télévision, vu qu’elle n’émet que sur la capitale (un second émetteur est alors prévu pour Lille en 1940 où une expérience d’émission a lieu mi-juillet 1939 lors de l’Exposition du Progrès Social). « Des programmes, films et prises directes, sont passés chaque jour, de 21 h à 22h30, avec une séance supplémentaire le dimanche, de 16 heures à 17h30. Outre ces programmes, des projections d’images fictives et d’images fixes sont faites tous les jours, de 14h45 à 16 heures et de 20h30 à 21 heures pour les constructeurs. Ceux-ci ont mis en vente des appareils qui sont parfaitement au point et qui permettent de recevoir ces émissions dans les meilleures conditions« , explique Le Temps. Les émissions en direct sont réalisées avec une seule caméra car le studio installé dans les locaux des PTT rue de Grenelle sont trop étroits.

Télécinéma et directs

Quelques semaines plus tard, des ajustements sont communiqués. Un nouvel horaire est mis en place à partir du 19 juin. Tous les jours sauf le dimanche, la mire de 16h30 à 17 heures suivi de télécinéma de 17 à 18 heures. Les lundi, mercredi et vendredi, de 20h30 à 20h45, les actualités. Il ne s’agit pas d’un journal télévisé mais d’une diffusion des actualités cinématographiques. De 20h45 à 21h45, prises de vue directes (théâtre, music-hall, variétés). Les dimanche, mardi, jeudi et samedi, de 20h30 à 22h30, télécinéma.

Mais en août les programmes sont suspendus sans explications. Ils ne reprendront pas. Le 1er septembre 1939, c’est la déclaration de guerre. Ce sont les Allemands qui créeront en septembre 1943, une nouvelle station, Télévision Paris/Fernsehsender Paris.