« L’ennemi débarque en force par air et par mer. Le Mur de l’Atlantique est percé à plusieurs endroits. Le commandant a ordonné l’état d’alarme n°3, » annonce à l’aube du 6 juin 1944, Soldatensender Calais quelques minutes après la dépêche de l’agence de presse allemande DNB. Un scoop mondial certes, mais cette radio dont le ton s’apparente à une radio pour les militaires allemands était dans la confidence ! Soldatensender Calais (que l’on traduit souvent par Radio Calais-Armée allemande) était en effet un faux poste clandestin allemand monté par les services britanniques depuis le 24 octobre 1943. Cette station bénéficiait d’un émetteur ondes moyennes d’une puissance peu commune pour l’époque, 600 kw, surnommé Apidistra, situé dans le sud de l’Angleterre. Les techniciens pouvaient également changer la fréquence rapidement, ce qui permettait au poste de se placer sur celle d’un émetteur officiel allemand dès que ce dernier quittait les ondes en cas de raid aérien.
La radio émettait à partir du soir et pendant toute la nuit, un programme de musique de danse, très apprécié de la troupe. Le tout agrémenté d’informations, souvent très précises et vérifiées par les services secrets britanniques, lestées cependant de fausses nouvelles. L’ensemble faisait un tout très crédible pour le soldat mal informé de la Wehrmacht. Cette antenne était dirigée par Sefton Delmer (photo), un journaliste passé maître dans l’art de la radio noire.
Quel a été son rôle le 6 juin 1944?
Soldatensender Calais a distillé dans son programme des infos tendant à faire croire que le débarquement n’avait pas lieu qu’en Normandie. Elle annonce par exemple des parachutages entre Boulogne et Calais au niveau de Rouen et des navires de débarquement au nord du Havre. Des infos reprises par exemple par le correspondant suédois d’Aftonbladet à Berlin et relayées par plusieurs journaux anglosaxons.
Relayée par Radio Atlantik
Soldatensender Calais était relayée sur ondes courtes par Kurzwellensender Atlantik, une autre radio noire dirigée par Sefton Delmer et lancée sur les ondes le 5 février 1943 à raison de plusieurs sessions d’une demi-heure répétées la nuit. Ses infos ont été souvent reprises dans la presse alliée et celle de la Résistance (lire ci-dessus). On imagine son impact sur le moral des soldats allemands qui ont pu l’écouter.
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