Une pub annonce les débuts d’Europe N°1, la radio privée « la plus puissante du monde »

Le 1er janvier, Europe 1 fête ses soixante-dix ans. Ce jour de l’an de 1955, un nouveau poste fait son apparition sur les ondes. Un choix de plus pour les auditeurs français qui, depuis l’instauration du monopole après la Libération, doivent se contenter des chaînes publiques ou se tourner vers les principautés limitrophes où des émetteurs privés ont pu se développer : Radio Luxembourg dans le Grand Duché, Radio Monte Carlo à Monaco et Radio Andorre dans les Pyrénées. Une nouvelle opportunité s’est en effet ouverte en Sarre (Saarland). Cette région frontalière avec la France, intégrée à la République fédérale allemande en janvier 1957, est alors depuis la guerre quasi indépendante sous protectorat français. Idéal pour contourner le monopole.

Deux grandes figures de la radio

On passe ici les détails complexes du montage financier pour souligner simplement l’implication de deux figures de la radio dans cette naissance, Charles Michelson et Louis Merlin.

Charles Michelson, homme d’affaires, à la tête de la Société européenne de radiodiffusion (SER), est le principal initiateur du projet. Il joue un rôle crucial dans le montage financier, en mobilisant des investisseurs pour créer une station de radio moderne capable de rivaliser avec les autres radios périphériques. Louis Merlin, ancien directeur de Radio Luxembourg apporte son expertise radiophonique et sa vision pour une station novatrice. Bien qu’il ne soit pas directement un financier, son influence attire des soutiens et des fonds nécessaires pour concrétiser le projet.

Pour sa naissance, le bébé Europe 1 aura vu de belles fées, économiques et politiques, se pencher sur son berceau : de puissants investisseurs regroupés dans Images et Son et un feu vert politique des gouvernements sarrois et français.

Un émetteur très puissant (400kw) et ultramoderne est installé sur le plateau de Felsberg et des studios aménagés dans les anciens locaux de la Voix de l’Amérique au 26 bis rue François Ier.

En novembre, une pub dans la presse annonce le lancement de la radio mais aussi de la télévision alors que Télé-Luxembourg et Télé Monte Carlo s’apprêtent à émettre.

Un mois plus tard, vers la fin décembre, la publicité n’évoque plus le projet de télévision. La nouvelle station communique sur sa puissance.

Les débuts compliqués d’Europe 1

Mais le 1er janvier 1955, tout ne se passe pas comme prévu. Les ondes longues sont attribuées par le plan de Copenhague de 1952. Ce n’est pas facile de s’y faire une place. Seule Radio Luxembourg a pu s’imposer sur 233 kc sans gêner d’autres stations européennes. Mais ce n’est pas le cas d’Europe 1. Une demi-heure après les premières émissions sur 250 kc, la radio soit cesser d’émettre car elle brouille l’émetteur finlandais de Lahti qui est sur 254 kc. Europe 1 se positionne sur 245 mais là, elle dérange l’émetteur danois de Kalundborg et les radiophares de Genève et de Brest. Elle descend alors sur 238 kc et brouille Radio Luxembourg (233 kc) qui menace de porter l’affaire en justice. Finalement il faudra attendre le 3 avril pour qu’Europe 1 prenne son envol en se fixant sur 183 kc (1647m).

La station va pouvoir secouer les ronronnantes ondes hexagonales et s’attaquer au gâteau publicitaire de sa voisine du Grand Duché.

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